Il y
a quelques mois de cela, le web bruissait d’une initiative de 24 médecins
blogueurs sur le sujet de la désaffection des jeunes médecins pour l'exercice
libéral de la médecine générale, surtout dans les secteurs déjà faiblement
dotés en offre de soins médicaux. Le terme consacré pour désigner ces secteurs
étant “déserts médicaux”, l’opération portait sur Twitter le hashtag
#PrivésDeDésert, et le manifeste listant les propositions des 24 s'intitulait
"MG 2.0". Etant lecteur assidu du blog de Jaddo, l'une des 24, j'ai
suivi avec grand intérêt les retombées de cette initiative dont le contenu
correspond pour beaucoup aux quelques idées que je pouvais nourrir de mon côté
concernant cette problématique.
Lorsque Mme la Ministre Marisol Touraine a
reçu 18 des 24 médecins blogueurs en entretien, je me souviens m'être dit:
pourvu que ce ne soit pas juste une manoeuvre de communication. Il faut dire
que nous, médecins sur le terrain, n'avons pas vraiment l'habitude d'être
consultés et encore moins écoutés par nos autorités de tutelle, qui ont à leur disposition
des experts bien plus intelligents et bien mieux informés: il suffit de se
rappeler la manière dont a été gérée l'épidémie de grippe H1N1 par l'illustre
Roselyne Bachelot en son temps. Huit mois plus tard, rien de concret ne semble
se profiler qui soit la suite logique des propositions listées dans le
manifeste "MG 2.0".
En attendant, le désert continue de
progresser: Borée, un des 24 médecins blogueurs, a publié sur son blog un
billet annonçant son prochain départ du cabinet où il exerçait depuis environ
huit ans. Peu après, GenouDesAlpages, un autre des 24, rédige un billet où
transparaît un ras-le-bol qui fait craindre le burn-out et où il conclut qu'il
ne veut plus désormais exercer dans les conditions qui ont été les siennes
jusqu'ici. Et aujourd'hui, Fluorette, elle aussi une des 24, lance à la
cantonade sur Twitter: "Avez-vous des pistes pour aller exercer en Suède ?
Ou en
Norvège ? Ou en Angleterre ?".
A propos de ces "déserts médicaux",
on entend souvent le commentaire qui consiste à relever, non sans justesse,
qu'il s'agit de déserts tout court, avec un nombre d'habitants insuffisant pour
constituer une patientèle d'un médecin exerçant à temps complet, et dépourvu
d'infrastructure & commodités de vie quotidienne pour la famille du médecin
qui voudrait s'y installer. Mais il existe aussi des bassins de population où
la densité n'est pas sibérienne, qui comportent toute l'infrastructure qu'une
famille normale peut souhaiter, dans lesquels la pénurie d'offre de soins est
pourtant réelle, et en passe de s'aggraver dans les années à venir. Je suis
persuadé que, dans ce cas de figure, l'implantation d'une Maison de Santé
Pluridisciplinaire représente une bonne solution pour inciter à s'y installer
des confrères (et consoeurs) ainsi que collègues paramédicaux qui sont à la
recherche d'un mode d'exercice plus cohérent avec leurs attentes.
Alors bien sûr les MSP sont à la mode, et le
risque pour moi est de réinventer l'eau tiède. Pourtant, quand je me documente
un peu sur le sujet, il est régulièrement fait état de telle ou telle MSP
construite par la collectivité locale et qui reste vide, ou insuffisamment
occupée par les professionnels de santé qu'on espérait y faire venir. Il reste
donc à mon sens une possibilité que le "mode d'emploi" optimal ne
soit pas encore trouvé, et c'est cette marge d'amélioration que je voudrais
explorer par l'intermédiaire de mon blog, avec l’aide de tous ceux qui voudront
bien apporter leurs remarques.
La MSP ne peut fonctionner que si elle est aussi universitaire.
RépondreSupprimerLe passage sur les collègues paramédicaux me plaît. Hâte de découvrir la suite :-)
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