mercredi 24 avril 2013

Des déserts bien peuplés


  Il y a quelques mois de cela, le web bruissait d’une initiative de 24 médecins blogueurs sur le sujet de la désaffection des jeunes médecins pour l'exercice libéral de la médecine générale, surtout dans les secteurs déjà faiblement dotés en offre de soins médicaux. Le terme consacré pour désigner ces secteurs étant “déserts médicaux”, l’opération portait sur Twitter le hashtag #PrivésDeDésert, et le manifeste listant les propositions des 24 s'intitulait "MG 2.0". Etant lecteur assidu du blog de Jaddo, l'une des 24, j'ai suivi avec grand intérêt les retombées de cette initiative dont le contenu correspond pour beaucoup aux quelques idées que je pouvais nourrir de mon côté concernant cette problématique.
  Lorsque Mme la Ministre Marisol Touraine a reçu 18 des 24 médecins blogueurs en entretien, je me souviens m'être dit: pourvu que ce ne soit pas juste une manoeuvre de communication. Il faut dire que nous, médecins sur le terrain, n'avons pas vraiment l'habitude d'être consultés et encore moins écoutés par nos autorités de tutelle, qui ont à leur disposition des experts bien plus intelligents et bien mieux informés: il suffit de se rappeler la manière dont a été gérée l'épidémie de grippe H1N1 par l'illustre Roselyne Bachelot en son temps. Huit mois plus tard, rien de concret ne semble se profiler qui soit la suite logique des propositions listées dans le manifeste "MG 2.0".
  En attendant, le désert continue de progresser: Borée, un des 24 médecins blogueurs, a publié sur son blog un billet annonçant son prochain départ du cabinet où il exerçait depuis environ huit ans. Peu après, GenouDesAlpages, un autre des 24, rédige un billet où transparaît un ras-le-bol qui fait craindre le burn-out et où il conclut qu'il ne veut plus désormais exercer dans les conditions qui ont été les siennes jusqu'ici. Et aujourd'hui, Fluorette, elle aussi une des 24, lance à la cantonade sur Twitter: "Avez-vous des pistes pour aller exercer en Suède ? Ou en Norvège ? Ou en Angleterre ?".
  A propos de ces "déserts médicaux", on entend souvent le commentaire qui consiste à relever, non sans justesse, qu'il s'agit de déserts tout court, avec un nombre d'habitants insuffisant pour constituer une patientèle d'un médecin exerçant à temps complet, et dépourvu d'infrastructure & commodités de vie quotidienne pour la famille du médecin qui voudrait s'y installer. Mais il existe aussi des bassins de population où la densité n'est pas sibérienne, qui comportent toute l'infrastructure qu'une famille normale peut souhaiter, dans lesquels la pénurie d'offre de soins est pourtant réelle, et en passe de s'aggraver dans les années à venir. Je suis persuadé que, dans ce cas de figure, l'implantation d'une Maison de Santé Pluridisciplinaire représente une bonne solution pour inciter à s'y installer des confrères (et consoeurs) ainsi que collègues paramédicaux qui sont à la recherche d'un mode d'exercice plus cohérent avec leurs attentes.
  Alors bien sûr les MSP sont à la mode, et le risque pour moi est de réinventer l'eau tiède. Pourtant, quand je me documente un peu sur le sujet, il est régulièrement fait état de telle ou telle MSP construite par la collectivité locale et qui reste vide, ou insuffisamment occupée par les professionnels de santé qu'on espérait y faire venir. Il reste donc à mon sens une possibilité que le "mode d'emploi" optimal ne soit pas encore trouvé, et c'est cette marge d'amélioration que je voudrais explorer par l'intermédiaire de mon blog, avec l’aide de tous ceux qui voudront bien apporter leurs remarques.

2 commentaires:

  1. La MSP ne peut fonctionner que si elle est aussi universitaire.

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  2. Le passage sur les collègues paramédicaux me plaît. Hâte de découvrir la suite :-)

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